Focus

23Maria Helena Vieira da Silva

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Tableau de Maria Helena Vieira da Silva : Paris la nuit, 1951
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Cartographie du parcours migratoire de M. H. Veira da Silva

Lisbonne 1908, Paris 1992

Née en 1908 dans une famille d’intellectuels aisés de Lisbonne, Maria Helena Vieira da Silva connaît une enfance solitaire nourrie d’art, de lectures, de musique. Elle se forme à la peinture et la sculpture, mais aussi au dessin anatomique à Lisbonne, puis part pour Paris en 1928.

Elle s’inscrit à l’atelier d’Antoine Bourdelle de l’Académie de la Grande Chaumière, où elle fait la connaissance du peintre hongrois Árpad Szenes, son futur compagnon. Elle suit plusieurs cours, de Fernand Léger ou Roger Bissière, et explore divers styles et techniques, marquée au-tant par les maîtres siennois que les modernes, de Bonnard à Picasso.

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Portrait de groupe avec Maria Helena Vieira da Silva, Jacques Germain, Georges Mathieu, Jean-Paul Riopelle, Zao Wou-Ki et Pierre Loeb, Galerie Pierre, Paris, vers 1953.
Portrait de groupe avec Maria Helena Vieira da Silva, Jacques Germain, Georges Mathieu, Jean-Paul Riopelle, Zao Wou-Ki et Pierre Loeb, Galerie Pierre, Paris, vers 1953.
Photo © Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Dist. RMN-Grand Palais / Denise Colomb

À partir des années 1930, l’artiste développe peu à peu une peinture architecturée et quasi abstraite, inspirée de l’atmosphère des villes qu’elle visite, des bibliothèques ou des théâtres qui la fascinent. Elle réinvente des espaces aux perspectives impossibles, marquées par des labyrinthes de damiers rappelant tout à la fois les azulejos de Lisbonne et des échiquiers. En 1933, son amie et galeriste Jeanne Bucher lui consacre sa première exposition personnelle. Elle re-tourne alors fréquemment au Portugal, malgré la dictature instaurée depuis peu, et elle est contrainte de s’y réfugier en 1939 avec Szenes, qui est d’origine juive. En se mariant, Vieira da Silva a perdu sa nationalité portugaise et le couple se voit interdit de séjourner à Lisbonne. Tous deux s’exilent alors au Brésil, où ils demeurent jusqu’en 1947, l’artiste peignant ses souvenirs de Lisbonne et Paris. Ils fréquentent les cercles intellectuels et artistiques de Rio de Janeiro, où dès 1942 le musée des Beaux-Arts lui dédie sa première exposition institutionnelle.

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Tableau de Maria Helena Vieira da Silva : Paris la nuit, 1951
Maria Helena Vieira da Silva, Paris la nuit, 1951
© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Sandra Pointet

À son retour à Paris, Vieira da Silva s’impose comme l’une des figures majeures de l’abstraction d’après-guerre, déployant dans des compositions en grille sa peinture complexe d’inspiration architecturale. Elle peint lentement, par fines couches transparentes sur la toile, sans effets de matière, créant des paysages comme des trames colorées. Elle expose chez Jeanne Bucher puis Pierre Loeb dès 1949. Bientôt, elle connaît un grand succès national et international, de l’Europe aux Amériques. Vivant entre la France et le Portugal, elle est naturalisée française en 1956. Proche des écrivains et poètes, elle illustre de nombreux livres de dessins ou estampes. En 1988, une grande rétrospective de son œuvre est présentée aux Galeries nationales du Grand Palais, témoignant d’une reconnaissance encore exceptionnelle pour une femme peintre.

Bibliographie :

  • Vieira da Silva, l’œil du labyrinthe, cat. exp. Marseille, Musée Cantini, 2022.