Focus

2Eduardo Arroyo

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Tableau d'Eduardo Arroyo, Robinson Crusoé, 1965
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Cartographie migratoire de E. Arroyo

Madrid 1937, Madrid 2018

Né à Madrid en 1937 en pleine guerre civile, Eduardo Arroyo quitte l’Espagne franquiste en 1958 pour Paris. Se destinant au journalisme mais convaincu par la force de persuasion des images, il se tourne vers la peinture et fait son premier envoi au Salon de la Jeune Peinture en 1960. Dans son œuvre, il souligne avec ironie la faiblesse et le caractère conventionnel des peintures à sujet historique ou des avant-gardes artistiques officialisées. Il développe un goût pour les scandales en équipe comme en 1963 à la 3e Biennale de Paris, où il expose les effigies grotesques de ses 4 dictateurs éventrés (Hitler, Mussolini, Franco et Salazar) dans la salle « L’Abattoir » consacrée par lui et d’autres artistes à la violence politique. Elles déclenchent immédiatement la protestation du gouvernement franquiste et doivent être masquées.

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Tableau d'Eduardo Arroyo, Robinson Crusoé, 1965
Eduardo Arroyo, Robinson Crusoé, 1965, Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne.
© Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Don d'Eric Meyer, 1968, ADAGP, Paris, 2022

Il est de toutes les aventures de la nouvelle figuration : « Mythologies quotidiennes » (1964) à Paris, « Pop art, nouveau réalisme, nouvelle figuration » à Vienne, Bruxelles, Berlin (1964),   « Bande dessinée et figuration narrative » (1967) à Paris. Dans le cadre de l’exposition « La figuration narrative dans l’art contemporain » de 1965, il présente la suite Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp, peinte avec Gilles Aillaud et Antonio Recalcati, qui suscite de vives polémiques, car les trois peintres se représentent en assassins de l’illustre artiste.

La fin des années 1960 est pour Arroyo une période de forte contestation politique : parallèlement à sa dénonciation du franquisme, il participe à la réalisation du mural Cuba Colectiva à La Havane en 1967, collabore en mai 1968 à la production des affiches aux Beaux-Arts de Paris et participe au projet de la « Salle rouge pour le Vietnam » en 1968 et 1969. En 1972, il refuse, comme d’autres artistes, de participer à l’exposition « Douze ans d’art contemporain en France », considérée comme pur produit de l’État pompidolien.

Ces événements le poussent à quitter Paris pour quelque temps. Il s’installe en Italie en 1968 et travaille en Allemagne avec le metteur en scène Klaus Michael Grüber avant de rentrer dans son Espagne natale, en 1977, après la mort de Franco. Il vit alors la sensation d’être étranger chez lui, peignant son triptyque Irun-Hendaye : Réflexions sur l’exil (1976).

Bibliographie :

  • Eduardo Arroyo, cat. exp. Museo nacional Centro de arte Reina Sofía, Madrid, Museo nacional Centro de arte Reina Sofía, 1998.