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24Zao Wou-Ki

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Tableau de Zao Wou-Ki, 10.03.72 En mémoire de May, 1972
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Cartographie du parcours migratoire de Zao Wou-Ki

Pékin (Chine) 1920, Nyon (Suisse) 2013

Zao Wou-Ki naît le 1er février 1920 à Pékin. Établi à Shanghai, il s’inscrit dès 15 ans à l’École des beaux-arts de Hangzhou. Il y pratique tout à la fois l’art de la calligraphie et la peinture à l’huile, d’après les œuvres de Paul Cézanne, Henri Matisse et Pablo Picasso qu’il découvre dans des reproductions. La rencontre avec Vadime Elisseeff, attaché culturel à l’Ambassade de France, le décide à venir à Paris en 1948. Il s’inscrit à l’Académie de la Grande Chaumière et expose dès 1949.
Cette installation à Paris, « premier geste chirurgical pratiqué sur [sa] propre culture » (Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, Autoportrait, Paris, Fayard, 1988, p. 24), l’amène à décider de ne plus pratiquer l’encre de Chine afin de s’exprimer en toute liberté par l’huile et la gravure. En 1950, il se lie d’amitié avec le poète Henri Michaux qui écrit des poèmes inspirés par ses lithographies. Établissant également des contacts étroits avec Maria Helena Vieira da Silva, Sam Francis, Jean-Paul Riopelle, Hans Hartung, Pierre Soulages et Alfred Manessier, il expose à la galerie Pierre puis, à partir de 1957, à la galerie de France.

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Portrait de groupe avec Maria Helena Vieira da Silva, Jacques Germain, Georges Mathieu, Jean-Paul Riopelle, Zao Wou-Ki et Pierre Loeb, Galerie Pierre, Paris, vers 1953.
Portrait de groupe avec Maria Helena Vieira da Silva, Jacques Germain, Georges Mathieu, Jean-Paul Riopelle, Zao Wou-Ki et Pierre Loeb, Galerie Pierre, Paris, vers 1953.
Photo © Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Dist. RMN-Grand Palais / Denise Colomb

En 1951, la découverte des œuvres de Paul Klee au musée de Berne bouleverse son travail. Il s’oriente alors vers une peinture faite de petites figures-signes insérées dans des paysages dénués de toute perspective, puis il peint en 1954 le premier tableau qu’il considère abstrait, Vent. Exposant en Europe dès 1951 (Genève, Florence), puis aux États-Unis en 1952 (Chicago, New York), il commence à fréquenter les expressionnistes abstraits américains à New York et donne à ses grands formats une place de plus en plus importante. Il instaure un dialogue permanent entre l’art chinois, dont il retient l’importance de l’espace et le rôle dominant du vide, et l’abstraction gestuelle occidentale, qui donne toute sa valeur à la trace spontanée.

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Tableau de Zao Wou-Ki, 10.03.72 En mémoire de May, 1972
Zao Wou-Ki, 10.03.72 En mémoire de May, 1972. Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle.
Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat. © Adagp, Paris, 2022

Après le décès de son épouse May Zao en 1972, le peintre effectue son premier voyage en Chine depuis 1948 et réalise à son retour à Paris l’un de ses plus grands tableaux, En mémoire de May, en souvenir de son épouse. Étirée dans l’horizontale, l’œuvre s’inscrit dans la tradition chinoise où s’impose le « voyager dedans » par un regard toujours en mouvement (Zao Wou-Ki cité par Pierre Schneider, Zao Wou-Ki, cat. exp., Paris, Galerie nationale du Jeu de Paume, p. 31). Poursuivant la réalisation de très grands formats, Zao expose dans le monde entier et notamment au Japon, à Hong Kong, Taipei et Pékin, acquérant une renommée mondiale et réalisant notamment des ensembles monumentaux en collaboration avec son ami, l’architecte sino-américain I. M. Pei.

Bibliographie :

  • Zao Wou-Ki, L’espace est silence, Paris, Musée d’Art moderne de Paris, 2018.