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À chaque commémoration décennale de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, les aspirations exprimées par l’association SOS Avenir Minguettes et les associations de « jeunes issus de l’immigration » paraissent toujours d’actualité. Devant le constat amer de la vitalité du racisme dans notre pays, il s’agit de mesurer le chemin parcouru.

Initiateurs de la marche partie de Marseille, acteurs du comité d’accueil à Paris, ou témoins privilégiés, les militants anti-racistes racontent leur expérience de l’événement. Le rappel de la mémoire de cette mobilisation originale permet de revenir sur l’engagement politique de milliers d’enfants d’immigrés et l’éclosion du foisonnement de la culture « beur ».

L’année 1983 est jalonnée de faits divers racistes tragiques comme le meurtre du jeune Toufik Ouannès (9 ans) à La Courneuve le 9 juillet ou celui d’Habib Grimzi, jeté du train de nuit Bordeaux-Vintimille, le 14 novembre. La Marche pour l’égalité et contre le racisme de l’automne intervient dans un contexte d’exacerbation de la haine anti-immigrés, véhiculée également par la montée du Front national dans les urnes, contre laquelle se mobilisent les militants anti-racistes.

L’idée d’une action non-violente pour lutter contre le racisme voit le jour durant l’automne 1983 à Vénissieux, dans un contexte local tendu, marqué par des affrontements répétés entre les jeunes et la police, et des grèves de la faim contre les expulsions d’immigrés, menées entre autres par le père Christian Delorme, pour obtenir notamment des cartes de séjour.